I. Introduction▲
Dans les applications d'aujourd'hui nous voyons souvent la possibilité d'ajouter des fonctionnalités par l'intermédiaire de plugins.
Ces fameux plugins sont en effet une façon très simple, tant au niveau de la programmation que du déploiement, d'ajouter des fonctionnalités à une application tournant déjà, et cela sans recompilation et/ou redéploiement de l'application cible.
Nous verrons dans cet article comment ajouter à vos applications cette possibilité à la fois au niveau de la conception de l'application qu’au niveau de la programmation.
Enfin nous verrons rapidement les aspects « sécurité » de la gestion des plugins.
Tout au long de cet article, je m'efforcerai de respecter la convention suivante : les paquetages sont écrits en italique, les classes en Gras italique et les méthodes en gras.
II. Conception du système▲
II-A. Problématique▲
Avant de se lancer dans la programmation proprement dite, arrêtons-nous un moment et réfléchissons un peu à comment notre système de plugins va fonctionner.
En effet, il faut commencer par déterminer quels sont les services que nous allons offrir aux plugins, quels seront les droits sur les données que les plugins auront, comment les plugins seront intégrés à notre application, etc.
Une fois ces questions résolues, il faut se poser la question de la sécurité. Pourquoi ? Tout simplement parce que vous ne contrôlerez pas le code des plugins et que par conséquent, ils sont un danger potentiel pour votre application et ses données. C'est pourquoi il faut définir une politique stricte d'accès aux données et s'y tenir. Par exemple vous pouvez choisir de passer les données par copie plutôt que par référence afin de garantir que tout changement effectué par le plugin n'aura pas de répercussion sur le reste de l'application.
Mais dès lors si la modification des données par le plugin est systématiquement annulée à quoi sert-il ?
C'est le genre de questions types auxquelles il vous faudra répondre avant de commencer à penser à coder.
II-B. Les différentes classes et interface(s)▲
Afin de mettre en œuvre notre système de plugins nous allons devoir coder un certain nombre de classes et d'interfaces.
Dans cet exemple nous allons donc créer :
- une classe qui va s'occuper de charger les .jar en mémoire, de déterminer quelle(s) interface(s) de notre système sont implémentées et de créer les objets correspondants ;
- au moins une interface qui va permettre de définir les actions que les plugins devront implémenter.
Et c'est tout au niveau même du système de plugins.
III. Programmation du système▲
Dans cette partie nous allons voir le code qui permet de charger les plugins en mémoire et d'en obtenir des objets.
Nous verrons ensuite une interface de base pour plugins, mais gardez à l'esprit que ce n'est qu'un exemple qui est loin d'être complet.
III-A. Le code fonctionnel▲
Attaquons-nous maintenant au code proprement dit de notre système de plugins.
Voyons d'abord le code puis les explications liées à ce code.
/**
* Fonction de chargement de tous les plugins de type StringPlugins
*
@return
Une collection de StringPlugins contenant les instances des plugins
*
@throws
Exception
si file = null ou file.length = 0
*/
public
StringPlugins[] loadAllStringPlugins
(
) throws
Exception {
this
.initializeLoader
(
);
StringPlugins[] tmpPlugins =
new
StringPlugins[this
.classStringPlugins.size
(
)];
for
(
int
index =
0
; index <
tmpPlugins.length; index ++
){
//On crée une nouvelle instance de l'objet contenu dans la liste grâce à newInstance()
//et on le caste en StringPlugins. Vu que la classe implémente StringPlugins, le cast est toujours correct
tmpPlugins[index] =
(
StringPlugins)((
Class)this
.classStringPlugins.get
(
index)).newInstance
(
) ;
}
return
tmpPlugins;
}
private
void
initializeLoader
(
) throws
Exception{
//On vérifie que la liste des plugins à charger a été initialisée
if
(
this
.files ==
null
||
this
.files.length ==
0
){
throw
new
Exception
(
"Pas de fichier spécifié"
);
}
//Pour éviter le double chargement des plugins
if
(
this
.classIntPlugins.size
(
) !=
0
||
this
.classStringPlugins.size
(
) !=
0
){
return
;
}
File[] f =
new
File[this
.files.length];
// Pour charger le .jar en mémoire
URLClassLoader loader;
//Pour la comparaison de chaines
String tmp =
""
;
//Pour le contenu de l'archive jar
Enumeration enumeration;
//Pour déterminer quelles sont les interfaces implémentées
Class tmpClass =
null
;
for
(
int
index =
0
; index <
f.length ; index ++
){
f[index] =
new
File
(
files[index]);
if
(
!
f[index].exists
(
) ) {
break
;
}
URL u =
f[index].toURL
(
);
//On crée un nouveau URLClassLoader pour charger le jar qui se trouve en dehors du CLASSPATH
loader =
new
URLClassLoader
(
new
URL[] {
u}
);
//On charge le jar en mémoire
JarFile jar =
new
JarFile
(
f[index].getAbsolutePath
(
));
//On récupère le contenu du jar
enumeration =
jar.entries
(
);
while
(
enumeration.hasMoreElements
(
)){
tmp =
enumeration.nextElement
(
).toString
(
);
//On vérifie que le fichier courant est un .class (et pas un fichier d'informations du jar )
if
(
tmp.length
(
) >
6
&&
tmp.substring
(
tmp.length
(
)-
6
).compareTo
(
".class"
) ==
0
) {
tmp =
tmp.substring
(
0
,tmp.length
(
)-
6
);
tmp =
tmp.replaceAll
(
"/"
,"."
);
tmpClass =
Class.forName
(
tmp ,true
,loader);
for
(
int
i =
0
; i <
tmpClass.getInterfaces
(
).length; i ++
){
//Une classe ne doit pas appartenir à deux catégories de plugins différents.
//Si tel est le cas, on ne la place que dans la catégorie de la première interface correcte
// trouvée
if
(
tmpClass.getInterfaces
(
)[i].toString
(
).equals
(
"tutoPlugins.plugins.StringPlugins"
) ) {
this
.classStringPlugins.add
(
tmpClass);
}
else
{
if
(
tmpClass.getInterfaces
(
)[i].toString
(
).equals
(
"tutoPlugins.plugins.IntPlugins"
) ) {
this
.classIntPlugins.add
(
tmpClass);
}
}
}
}
}
}
Ce code est celui de l'application de l'exemple, vous le retrouverez donc au complet dans les téléchargements à la fin de l'article.
Voyons les lignes intéressantes ensemble :
La création de l'URLClassLoader :
URL u =
f[index].toURL
(
);
//On crée un nouveau URLClassLoader pour charger le jar qui se trouve ne dehors du CLASSPATH
loader =
new
URLClassLoader
(
new
URL[] {
u}
);
Pourquoi créer un URLClassLoader ? Tout simplement pour que le loader de Java puisse localiser les classes contenues dans le jar. En effet le jar ne figurant (normalement) pas dans le CLASSPATH, il faut créer un nouveau ClassLoader qui possède le chemin du jar dans son CLASSPATH. La méthode la plus simple consiste donc à créer un nouveau loader par le biais de URLClassLoader.
Je vous conseille d'aller lire la FAQ Java de développez.com, la question y est traitée :
- Le chargement de la classe dans le système :
tmp =
tmp.substring
(
0
,tmp.length
(
)-
6
);
tmp =
tmp.replaceAll
(
"/"
,"."
);
tmpClass =
Class.forName
(
tmp ,true
,loader);
Vous remarquerez ici que nous déterminons le nom de la classe grâce aux conventions de nommage Java. En effet nous partons du chemin au niveau du jar et nous remplaçons les '/' par des '.' ce qui est réellement la définition des paquetages en Java.
De plus le nom du fichier est celui utilisé pour le nom de la classe, ce qui est là aussi un impératif de Java (pour les « public » au moins).
- La création d'un objet à partir d'une instance de la classes Class :
//On crée une nouvelle instance de l'objet contenu dans la liste grâce à newInstance()
//et on le caste en StringPlugins. Vu que la classe implémente StringPlugins, le cast est toujours correct
tmpPlugins[index] =
(
StringPlugins)((
Class)this
.classStringPlugins.get
(
index)).newInstance
(
) ;
Ce code permet de créer une instance d'un objet à partir d'un objet de type Class qui contient la définition de la classe que l'on veut instancier.
En effet la méthode newInstance() de Class appelle un constructeur sans argument afin de créer une instance de la classe. Cela nous donne donc une contrainte en plus : avoir un constructeur sans argument. Cette restriction est contournable en récupérant la collection de constructeurs de la classe grâce à la méthode public Constructor[] getDeclaredConstructors(). Une fois cette collection de constructeurs récupérée vous pouvez appeler la méthode newInstance(Object[] params) de la classe Contructor afin de créer une instance de cette classe.
Voila nous en avons fini avec le code fonctionnel du système de plugins.
Comme vous avez vu la gestion basique des plugins n'est pas très compliquée.
III-B. Le(s) interface(s)▲
Dans cette partie nous allons rapidement voir les interfaces utilisées dans le projet exemple.
package
tutoPlugins.plugins;
/**
* Interface de base pour les plugins de notre application.
*
@author
Lainé Vincent (dev01, http://vincentlaine.developpez.com/ )
*
* Cette interface n'est destinée à être directement implémentée dans un plugins,
* elle sert à définir un comportement commun à toutes les interfaces de plugins.
*
*/
public
interface
PluginsBase {
/**
* Obtient le libellé à afficher dans les menus ou autres pour le plugin
*
@return
Le libellé sous forme de String. Ce libellé doit être clair et compréhensible facilement
*/
public
String getLibelle
(
);
/**
* Obtient la catégorie du plugin. Cette catégorie est celle dans laquelle le menu du plugin sera ajouté une fois chargé
*
@return
*/
public
int
getCategorie
(
);
}
Cette interface est l'interface de base pour tous les plugins de l'application. Elle fournit les services d'enregistrement du plugin auprès du menu principal de l'application grâce à la récupération du libellé et de la catégorie.
package
tutoPlugins.plugins;
/**
* Interface définissant les méthodes de manipulation de String ajoutées par le plugin qui l'implémente.
*
@author
Lainé Vincent (dev01, http://vincentlaine.developpez.com/ )
*
* Cette interface est
<
u
>
strictement
<
/u
>
destinée à l'utilisation par des plugins et en aucun cas par des classes internes à notre application
*
*/
public
interface
StringPlugins extends
PluginsBase {
/**
* Fonction de traitement principale du plugin de manipulation de String
*
@param
ini
La chaine initiale
*
@return
La chaine traitée
*/
public
String actionOnString
(
String ini);
}
Cette interface comme IntPlugins permet seulement de faire des tests. Il n'y a rien de particulier à remarquer si ce n'est l'extends PluginsBase
Pour conclure sur les interfaces, je rappellerai seulement que ce ne sont là que des exemples simplistes qui n'ont rien à voir avec de vraies interfaces de vrais plugins.
III-C. Création d'une archive Java pour les interfaces de définition de plugins▲
Pourquoi créer une archive Java contenant les interfaces des plugins ? Tout simplement pour la pratique.
En effet, lors du développement d'un plugin, il est plus pratique de travailler avec une archive réduite qu'avec toute l'application. Dès lors la question de « Que dois-je mettre dans le jar ? » peut devenir un vrai casse-tête à cause des dépendances. Une chose quand même qui est valable tout le temps : il faut séparer l'interface du corps du programme.
Voyons rapidement comment créer un jar avec nos interfaces du programme d'exemple :
:>cd ./bin/
:> jar cvf tutoPlugins.plugins.jar ./tutoPlugins/plugins/*.class
Cette ligne de commande vous donne un jar contenant la totalité du dossier plugins, c'est-à-dire les interfaces et la classe de chargement.
IV. Programmation d'un plugin▲
Dans cette partie nous verrons rapidement un exemple de programmation de plugins à partir des interfaces définies plus haut.
package
stringPluginsExemple;
import
tutoPlugins.plugins.StringPlugins;
public
class
classTest implements
StringPlugins {
public
String actionOnString
(
String arg0) {
return
" ** - "
+
arg0 +
" - ** "
;
}
public
String getLibelle
(
) {
return
"Ajouter de jolis caractères à la String"
;
}
public
int
getCategorie
(
) {
return
0
;
}
}
Comme vous le voyez, il n'y a rien de plus simple que la création d'un plugin grâce à nos interfaces.